Bilan des marchés financiers à fin avril 2021
Le mois d’avril aura encore été un bon mois sur les marchés financiers, en dépit du risque des variants de la Covid-19 à travers la planète.
- CAC 40 : + 3.3%
- Euro Stoxx 50 : + 1.4%
- DOW Jones : + 2.7%
- SP 500 : + 5.2%
- Nasdaq : + 5.9%
- Hang Seng : + 1.2%
- Nikkei : – 1.3%
En mars 2020, l’indice avait retrouvé les valeurs de 2013… 7 années de perdues en 3 mois !
En avril 2021, 13 mois plus tard, l’indice CAC40 atteint ses plus hauts, à plus de 6300 points.
- Le CAC40, franchira-t-il la ligne oblique rose (graphe précédent) pour atteindre les 6.945 points de l’année 2000 : point culminant de son histoire ? Encore 8% de hausse…
- Ou amorcera-t-il une consolidation baissière après cette hausse exceptionnellement rapide ? Faut-il écouter les adages boursiers : Sell in may and go away ! ? Vendre en mai ? Sur les 3 dernières années, mai 2020 fut positif à +2.7%, en revanche, mai 2019 et mi 2018 furent toutes deux négatifs (respectivement -6.78% et -2.21%).
Le mois de mai est un mois crucial, car il arrive après la publication des résultats des entreprises du 1er trimestre. Ce mois donne donc le ton de l’année à venir. Or, les résultats d’entreprises furent particulièrement bons, voire exceptionnels cette année, notamment pour les valeurs technologiques, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Ainsi, Amazon, le leader mondial du commerce en ligne et du cloud a plus que triplé son bénéfice net pour la période de janvier à mars. Il a aussi largement dépassé ses propres attentes et celles du marché avec un chiffre d’affaires de 108,5 milliards de dollars (+44%).
On peut donc être rassuré !
- Le rattrapage économique est bien en route avec toutes les fragilités que cela induit :
- pénurie de composants et de certaines matières premières,
- hausse concomitante des prix de ces mêmes matières premières (y compris agricoles),
- des containers, du fret maritime (principal moyen de transport des marchandises)…
- retour de l’inflation importée.
- Les banques centrales (FED et BCE) ont confirmé fin avril leur soutien à l’économie en maintenant leur politique monétaire accommodante.
- Les dernières statistiques économiques ont également dépassé les attentes des investisseurs. C’est particulièrement le cas :
- de l’indice PMI (indice des directeurs d’achats) manufacturiers et services en zone euro qui est ressorti à 63.3 (attendu à 50.3),
- des inscriptions au chômage aux Etats-Unis, ressorties à 574.000 (attendu : 607.000).
On peut donc, a priori, envisager sereinement l’arrivée du mois de mai, d’autant plus que les bonnes nouvelles se succèdent avec cette fois les politiciens : réouverture progressive des commerces dès la mi-mai en France, mais de manière générale dans tous les pays développés.
Quels sont alors les principaux risques contrariants susceptibles de remettre en cause cette dynamique haussière ?
- L’un d’eux reste toujours le risque inflationniste. Ce risque évoqué lors de notre précédente lettre est toujours bien présent. C’est sans doute l’inconnue numéro 1 des prochaines semaines / mois. L’inflation a été l’un des sujets les plus commentés par les patrons américains lors de la présentation de leurs résultats sous les angles hausse des coûts, hausse des salaires et possibilité d’augmenter les prix de ventes.
Quel sera alors le comportement des investisseurs face à la hausse des taux d’intérêts longs (directement liés à l’inflation) ?
- Le TBond américain (taux américain à 10 ans) est toujours au-dessus des 1.65%
- L’OAT 10 ans (taux français à 10 ans) est repassé en en territoire positif. A +0,07% ce taux reste marginal.
La tendance future à la hausse des taux d’intérêt ne fait aucun doute. En revanche, ce qui est important, et qui inquiète, reste la pente de cette hausse, sa vitesse, son ampleur et la réaction des investisseurs à ces variations. Nous ne craignons pas, du moins pas encore, la hausse des taux dans la durée mais sa volatilité, avec en conséquence des réactions brutales des investisseurs. Toute l’actualité récente (forte hausse du prix de nombreuses matières premières et de produits semi-finis, goulots d’étranglement croissant, y compris sur la main d’œuvre, …) laisse penser que le sujet risque de devenir de plus en plus influent, dans un sens plutôt négatif, au cours des prochaines semaines.
Source : Zonebourse
- Autre risque, le remboursement de la dette… ou dit autrement, la hausse des impôts. Le 20 avril 2021, le message envoyé en ce sens par le président des Etats-Unis n’a pas été de nature à rassurer les marchés :
- Les investisseurs américains ayant plus de 1 million de dollars de revenus verraient leur fiscalité sur les valeurs mobilières grimper de +98% (de 20% à 39.6%) !
- Hausse qui se rajoute à celle des impôts pour les entreprises (+33%) qui est passée de 21% à 28%.
(Cf. voir l’impact de cette annonce du 20 avril 2021 sur le CAC40, graphe page suivante).
- Dernier grain de sable, la prééminence de l’épidémie et ses conséquences sur l’immunité collective de la population mondiale qui reste au ralenti. De nombreux pays sont encore très touchés :
- La décrue est très lente en Europe ;
- Même aux Etats-Unis des responsables constatent que la vaccination de la population n’est pas homogène sur l’ensemble de pays, induisant du même coup une menace tant que le virus continue de s’étendre dans certaines zones ;
- Tous les pays, mêmes les plus avancés, sont sous la menace de mutations et des variants.
- Un risque de déception est envisageable sur la croissance à partir du 2° trimestre, si la réouverture de l’économie mondiale, attendue à partir de maintenant, devait s’avérer plus lente que prévu…
En conclusion..
La bourse concentre les anticipations des investisseurs depuis toujours. A l’aube du deuxième trimestre, synonyme de probable déconfinement généralisé et de retour aux libertés de mouvement, il paraît pertinent de se demander si les parcours haussiers des actions, et plus spécialement ceux des valeurs « value » ou « cycliques », n’ont pas surestimé la future réalité économique. Ne faut-il pas alors faire confiance aux adages boursiers, et alléger les positions ? … « Sell in May and go away » !
Si des ajustements baissiers devaient voir le jour après tant d’espoirs sur les marchés, ne doutons pas qu’une nouvelle fois ces baisses seraient freinées par l’action des banques centrales…
Autre adage : les performances passées ne préjugent en rien de celles à venir 😉