Bilan des marchés financiers à fin janvier 2021
Après une première semaine « bullish » (bougie verte : +2.80%), dans la continuité de la hausse de la fin d’année 2020, les marchés financiers mondiaux se sont brutalement retournés pour afficher une perte assez sensible pour le mois de janvier (~ -3% pour les actions européennes et dans une moindre mesure ~-2,3% pour les actions américaines). Sur le graphe du CAC 40 (marché parisien), la baisse est de -2,74% et affiche 3 « bougies » rouges pour les 3 dernières semaines du mois.
A/ Pourtant les indicateurs macroéconomiques furent plutôt bons ces derniers jours :
- Hausse de 4% du PIB américain au 4ème trimestre 2020
- Chute des PIB France / Allemagne / Espagne, mais moins sévère que prévu (-8.3% en France alors que le gouvernement prévoyait -11%)
- Maintien, voire légères hausses de la confiance des ménages et des entreprises.
- C’est une nouvelle fois l’actualité sanitaire qui a repris le dessus plaçant les investisseurs dans une situation que tous redoutaient « Plus de covid et moins de vaccin »… (hausse des nouveaux cas déclenchée par l’explosion des cas variants (y compris en Asie, jusque-là très épargnée, et en Afrique !) Vs l’insuffisance de production de vaccins pour l’Europe.
L’Union Européenne (UE), première concernée par ces évolutions négatives, est donc dans une situation difficile au regard de ces vaccins (notamment avec les échecs thérapeutiques de Sanofi et de l’Institut Pasteur), maillon-clé pour la sortie de crise et, au-delà, sur ce secteur stratégique qu’est la santé (manque de réactivité / d’anticipation / de préparation / de la capacité de coordonner les volontés de 27 gouvernements ?). On est au cœur de la faiblesse de l’UE sur un sujet très sensible, qui ne va pas améliorer la perception de la zone par ses habitants, les investisseurs et les gouvernements des autres continents.
- Tout porte à croire que l’UE sera en retard sur son calendrier de sortie de crise (automne / hiver ?).
A l’inverse, les Etats-Unis, contrôlant la production des vaccins, ayant une logistique plus efficace, associés à un recul des contaminations, place le pays en bonne position pour une sortie de crise vers le milieu d’année. On peut compléter ce constat favorable sur l’économie américaine par l’analyse de J. Powels lors du dernier comité Fed (banque centrale américaine) : « l’économie s’est bien adaptée aux restrictions sanitaires et a mieux résiste que prévu ».
- Ces scenarii sont bien intégrés par les conjoncturistes qui tendent à revoir à la hausse la croissance américaine alors que celle de l’Europe est révisée en baisse sous ces hypothèses.
- B/ Les résultats des sociétés américaines continuent à surprendre à la hausse… et confirment le diagnostic de J. Powels :
- Baisse moindre des PIB
- Plus fortes révisions des résultats. Sont concernés une nouvelle fois la technologie (14% de plus depuis le 31 décembre), les « services de communication » (Facebook et Google, +6%), la santé (+1%) mais également, et c’est bon signe, deux secteurs typés « value » : les financières (+21% depuis le 31/12) et les mines / matériaux (+6%).
- La prévision de croissance de résultats pour 2021 est stable mais celle sur 2022 progresse de 0,5% à +16%.
- Dans le prolongement de ces bonnes nouvelles, les « guidances » (projections) des sociétés pour le premier trimestre 2021 ne sont pas en reste et sont positives à 66%, niveau rarement égalé dans le passé.
Ces bons éléments confirment la poursuite de l’amélioration des courbes de bénéfices en 2021 et 2022 :
- Sur cette base, la correction des derniers jours semble n’être qu’un simple mouvement de marché, sans conséquence stratégique pour le moment ; plus menaçantes en revanche sont les situations du CAC 40 (Indice France) et l’ES 50 (Indice Europe) qui, ayant moins monté et davantage reculé donnent donc des signes de vulnérabilité.
En conclusion..
Les indicateurs macro vont toujours dans le sens d’un découplage croissant de l’économie mondiale entre le bloc Etats-Unis / Chine / Asie, plutôt revu à la hausse d’un côté et l’Europe de l’autre, globalement décevante. Clairement la rapidité de la vaccination va devenir le marqueur des performances économiques des grandes zones économiques mondiales. L’efficacité de la politique vaccinale américaine et la résilience de cette économie nous rendent confiants sur sa sortie de crise vers le milieu de cette année ; nous maintenons les perspectives favorables sur les actions, notamment internationales au détriment des actions françaises et de la zone euro.
Dis autrement, tant que le couvre-feu sera d’actualité sur le vieux continent, les braises de son économie ne sont pas prêtes à s’embraser …